Quand il n'y a plus de place en enfer...
Un flic se réveille après un séjour dans le coma, il est seul et ne rencontre pas âme qui vive. Pas une âme, certes, mais des corps qui marchent et qui ont faim...
Loin d'une démarche gore qui serait somme toute assez rapidement lassante, les auteurs s'attachent à suivre le périple de leur héros, un bonhomme qui fait ce qu'il peut pour survivre et aider ceux qui le suivent. Parce que rapidement un petit groupe de survivants se constitue et la BD démarre vraiment dans l'exploration des rapports humains.
C'est peut-être ce qui constitue la grande force du thème du zombie. La possibilité qu'il offre, en tant que monstre, pour montrer les nombreuses bassesses et les belles envolée qui font un humain. Ainsi si nous retrouvons les (presque) figures obligées du genre, elles sont rapidement dépassées par le travail accompli sur les personnages.
Du bon boulot.
Deux volumes lus d'une traite. Le troisième à paraître l'année prochaine. La série est toujours éditée aux U.S.A.
Like Tears in the Rain
artefact
Y rit plus l'potier
Mais ma plus grande satisfaction est de voir combien l'intrigue a été travaillée. A ce titre les cent dernières pages sont un plaisir, un voyage à rebours dans les romans qui donne à l'ensemble une belle impression de complétude.
Rogue reste toujours mon personnage préféré. De loin.
Maintenant je ne vois pas comment on peut en faire un film sans le couper à la machette. Ou en quatre heures.
Il rit le potier ?
Et bien pour l'instant je suis tout content : le pauvre Harry en prend plein les dents, l'action est constante et une véritable tension narrative est présente. Ah, y'a du storyteller dans l'air. Pas de la littérature mais un bon gros bouquin qui donne envie de tourner les pages et de rogner un quart d'heure de sommeil histoire d'aller jusqu'à la fin du chapitre.
Tout ce que je souhaite c'est que tout aille pour le mieux pour mon personnage préféré : ce cher Rogue. (Faudra que je m'en explique un jour, plus tard, quand je saurai enfin le comment du pourquoi.)
Chronique
Club Van Helsing
Une nouvelle collection dirigée par Xavier Mauméjean et Guillaume Lebeau.
Il arrive que l’oeil capture une silhouette, celle d’un monstre sur un mur de béton, que l’oreille entende un hurlement surgissant d’une impasse. On se dit que c’est la fatigue, le stress de la vie moderne, et l’esprit reprend le dessus, pour retourner à la routine rassurante. En général, c’est ce qu’il faut faire, parce que la vie est banale, qu’elle n’a rien d’extraordinaire.Mais parfois il y a un monstre dans le béton, et l’horreur se déchaîne dans l’impasse. Alors on ne peut compter que sur le Club Van Helsing.
Editée chez Baleine, le Club Van Helsing, reprend la charte qui fit le succès du poulpe : un auteur différent par volume mais avec un univers cohérent qui est imposé.
Quel est-il ? Notre monde contemporain avec un petit truc un plus : tous les monstres sont vrais. Et pour lutter contre eux, une organisation secrète, celle du Club Van Helsing.
(Si son nom ne vous dit rien, vous devez absolument lire le Dracula de Bram Stoker avant toute autre chose !)
La première fournée est composée de quatre volumes.
Question de mort - Johan Heliot
Une bande de tueurs adaptes traversent les Etats-Unis, kidnappent les victimes et les fait participer à un jeu télé d'un goût douteux : à chaque mauvaise réponse, la séance de torture commence. Le Sphinx est de retour et s'en prend à qui croise sa route...
De l'humour, du rythme, un sens de la concentration des effets très maîtrisé, Heliot parvient à pondre un petit bijou (à ces références aux vieux films d'horreur des années 70, encore un qui a dû être traumatisé par 'Massacre à la tronçonneuse' en VHS). De la littérature populaire intelligente et bien tournée.
Cold Gotha - Guillaume Lebeau
Voilà le recueil de la confrontation entre Hugo Van Helsing et Dracula. Le tout se déroulant sur 24 heures, le 10 septembre 2001, à Los Angeles.
Certainement le recueil qui m'a le plus déçu. A force de lorgner côté cinéma, série TV (une action qui dure 24 heures... hum...) et de faire des personnages des êtres surpuissants, sur-armés, j'ai rapidement été lassé. Je n'ai simplement pas trouvé de connexion entre le roman et moi. Comme toujours dans ces cas-là, j'ai passé plus de temps à interroger le texte qu'à vraiment m'y intéresser. J'en ai apprécié le rythme et l'ai lu comme je regardais certains feuilletons par un après-midi pluvieux : avec un peu d'intérêt et un peu d'ennui. Donc pour les amateurs de baston et de gros flingues.
Mastication - Jean-Lub Bizien
Un chasseur de loup-garous à Paris. Il travaille certes pour le CVH qui tolère son goût excessif pour le sang et le meurtre. Mais les loup-garous constituent une organisation bien plus puissante qu'on ne le pense et les soucis de notre chasseur sociopathe ne font que commencer.
Raconté à la première personne, le roman de J-L Bizien est à la drôle et violent. Le cadre parisien fonctionne particulièrement bien et le choix narratif de la première personne est judicieux. Alors, bien sûr, par moment c'est tellement énorme qu'on en éprouve comme un plaisir honteux. C'est vous dire si c'est jouissif.
Tous ne sont pas des monstres - Maud Tabachnik
Le roman le plus étrange de la série. En effet il ne semble pas prendre en compte la bible qui définit le cadre général que l'on devine à la lecture des différents textes. Le Golem est de retour. Nous suivons un certain Nathan (le Sage ?) qui est peut-être le dernier rempart pour empêcher une nouvelle apocalypse.
Un très belle écriture pour un roman qui dérange, fait réfléchir tout en prenant parfois aux tripes. Très engagé politiquement, il joue la carte de la simplification des problèmes au profit d'une dénonciation du fanatisme religieux. Il est évident que tout le monde ne peut aimer ce texte parce qu'il est certain qu'il ne peut laisser indifférent. A lire absolument, donc.
Vacances
Gino Bond
Dexter
Bien évidemment j'étais à l'affût de tous les éléments qui révélaient le travail de transposition, curieux de reconstituer le passage d'un matériau à un autre. Après les premières pages, largement parasitées par les souvenirs de la série, j'ai pu plonger dans un roman particulièrement simple et efficace.
Nous ne sommes pas en présence d'un maître du thriller mais plutôt en présence d'un auteur qui tient une excellente idée et qui arrive à la faire vivre au mieux. Tout y est efficace, dans le meilleur sens du terme.
Dexter est un technicien de laboratoire spécialisé dans les taches de sang qui travaille pour la police de Miami. C'est aussi un tueur psychopathe. Elevé par un policier, il a appris à contrôler son démon en ne s'attaquant qu'à des tueurs, des pédophiles, des monstres comme lui. Voici que surviennent dans Miami des meurtres terribles qui fascinent à la fois le Dexter policier et l'assassin : les victimes sont retrouvées débitées en morceaux et entièrement vidées de leur sang. Dexter a-t-il trouver un maître?
J'ai été étonné de voir combien la série avait été fidèle. Elle a surtout procédé par expansion, développant les personnages secondaires, leur donnant par la même occasion plus d'épaisseur et ne modifiant réellement la personnalité que d'un seul. La série TV étant nettement plus longue que l'intrigue romanesque, il a fallu également ajouter quelques sous intrigues afin de repousser la résolution de l'énigme. Ce faisant la série offre une plus grande chance à chaque personnage d'exister et explore plus avant la personnalité de Dexter et son très particulier rapport au monde.
On retrouve la même narration, avec la voix off de Dexter qui commente et raconte l'action, le même humour et les mêmes rebondissements.
Le final est bien évidemment à la fois très proche et très différent. Un personnage de papier meurt, je ne dirai pas lequel.
Une deuxième saison est en préparation. D'autres aventures de Dexter ont été écrites. Que du bonheur.
Un départ
Un gars sérieux
Voilà, c'était l'annonce du jour : il neige et je fais mes devoirs.
Update (2)
Les nombreuses vies de Fantômas vient de sortir en librairies. En plus de toutes les bonnes boucheries, il est également en vente directement chez l'éditeur.
Une rencontre / signature aura lieu à Lyon, le vendredi 15 décembre. Cela marquera le début et la fin de ma tournée mondiale de promo.
Radio Free Territory
Voilà le résumé piqué sur un site de vente en ligne, cela m'évitera d'en composer un :
2070. 12 ans après la destruction de la Métastructure qui, si elle a pacifié le monde, est parvenue à complètement machiniser l'Homme. Une seconde mutation est en cours : quelque chose se sert du néant laissé par la Métastrucuture pour le détruire. Elle le tue en attaquant le langage. En le ramenant à son degré zéro, en le convertissant en langage numérique, à une suite binaire de 0-1. L'Homme risque de mourir comme une machine, c'est le piège ultime de la technique. Seul espoir, l'attente d'une cargaison de livres. Une bibliothèque entière qui bien sûr est extrêmement menacée…
Comme je le disais, j'ai cessé de lire Dantec peu après le Théâtre des opérations. Je ne parvenais plus à le suivre dans les terrains et les formes qu'il travaillait. J'ai donc laissé passer ces deux romans, pour embrayer sur celui-ci, qui m'a grandement réconcilié avec le bonhomme.
Tout d'abord il n'y a plus les scories qui nuisaient tant à ma lecture (les pages incompréhensibles où Dantec semblait rendre compte de ses dernières lectures en philo ou alors le travail sur le style un peu trop voyant pour moi.) Au contraire, les digressions philosophiques, religieuses sont intégrées au récit et le font progresser. Le style est très dynamique, prévilégiant la répétition et l'anaphore, les ruptures de rythme afin de créer une voix très personnelle.
Dans ce futur apocalyptique, le livre va être la seule arme de destruction massive afin de sauver l'humanité de la dévolution qui l'attaque. Bien entendu, le Livre est celui qui apportera les clés nécessaires... avec l'aide de ce bon vieux rock'n roll !
Livre chrétien rock, Grande Jonction est un voyage qui demande beaucoup de son lecteur et le lui rend bien. On retrouve les obsessions de Dantec (les armes à feu, la métaphore du camp de concentration, les relations de l'homme au monde). On peut lui reprocher une certaine longueur qui dilue par moment un peu trop l'intrigue, négligeant peut-être certains points importants et reprenant inutilement les mêmes idées.
Mais on ne peut que s'incliner devant l'ampleur du souffle, la pertinence de la structure et l'intégrité du bonhomme. Je suis curieux de voir sur quels points on va l'attaquer maintenant. J'espère qu'il ne fera pas le prosélytique lors de sa tournée promo, cela gâcherait tout !
Certainement pas le chef-d'oeuvre absolu qui bouleversera à jamais votre conception du monde mais probablement quelques-unes des plus belles pages lues depuis longtemps.
Dantec explore une certaine modernité: livre de pure SF publié dans une collection généraliste, Grande Jonction peut être vu comme une belle réponse à la Trilogie Divine de Philip K. Dick. Il y a pire comme référence.
En accompagnement sonore, Johnny Cash, forcément.
Sans la musique la vie serait une erreur
Don't get weird on me, babe
La littérature et la musique sont très proches chez moi. Les deux se consomment souvent, se goûtent parfois et s'apprécient rarement. Mais quand j'aime une fois, j'aime pour toujours.
La Sierra Nevada qui la nuit crie ton nom
Enfin ! Un livre vient de s'imposer à moi : ma première lecture depuis très longtemps sera le prochain Maurice G. Dantec Grande Jonction, à paraître en septembre. Non, je ne dirai pas comment je me le suis procuré !
Les premières pages augurent du grand Dantec, je sens qu'il va falloir s'accrocher aux branches : cela commence par une déconstruction sémantique et métaphysique d'une Gibson Les Paul. Chaque chapitre a pour titre une citation rock (ex. chapitre 1, Radiohead, chapitre 2 Station to Station, etc.)
Je me plonge maintenant dans la lecture, la nuit est propice à l'exercice.
Les Racines du mal est certainement un des bouquins que j'ai le plus souvent offert, aux gens qui n'aimaient pas lire, à ceux que j'aimais bien et parfois même juste pour le plaisir de surprendre des lecteurs avisés.
London calling
Je ne me suis autorisé que deux exceptions, le formidable premier roman de mon ami Laurent, Neurotwistin ' et la relecture du non moins formidable Feu Follet de Drieu La Rochelle. Il serait vain de chercher un lien entre les deux mais l'exercice pourrait être amusant !
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